LA PRESSE

Quelques mois seulement après l’excellent opus Sur la Route, également chroniqué par votre serviteur pour Paris-Move (chronique que vous pouvez retrouver ICI), le prolifique et incontournable Raoul Ficel nous revient avec un album de blues acoustique, sans artifices nauséabonds et sans édulcorations superflues, dans la plus pure tradition des grands maîtres du genre, comme notamment un certain… Big Bill Broonzy. Je le répète inlassablement depuis des décennies, il faut soutenir bec et ongles des musiciens de blues tels que Raoul Ficel, son alter ego bordelais Lenny Lafargue, le taulier Benoît Blue Boy, les bretons de Doo the Doo, nos Fabulous Thunderbirds de Quimper et tant d’autres artisans talentueux, voire besogneux de la musique du Diable, aussi blasphématoire qu’envoûtante. On a déjà connu Raoul Ficel en formation électrique, en duo, en one man band (homme-orchestre) façon Dr Ross, Joe Hill Louis ou encore Magic Buck en France. Un petit plaisantin me souffle à l’oreille Rémy Bricka et sa tourterelle! Je ne relèverais pas cette boutade d’un goût douteux… Et pourquoi pas Charly Oleg et son orgue Bontempi faisant tourner le manège aussi? Aujourd’hui, le bluesman de Bordeaux nous propose un album très personnel, sans tambour ni trompette, sans les cuivres lustrés au Miror, un album acoustique en solo (guitare-harmonica-chant), d’une simplicité et d’une efficacité déconcertantes. Tel un trapéziste-voltigeur qui travaillerait à l’ancienne et sans filet, Raoul Ficel a relevé le défi avec brio et nous fait à lui-seul son cirque Barnum, car en solo, on est exposé, quasiment à poil, dans le plus simple appareil, et il n’y a pas de place pour les usurpateurs, ni pour les tricheurs. D’ailleurs au sein du blues, ces philistins grimés se font heureusement très rares, pour ne pas dire inexistants. Philippe-Raoul Coudougnan, plus connu sous le sobriquet de Raoul Ficel, plante d’entrée de jeu le décor d’un blues acoustique rugueux, hypnotique et minimaliste à souhait, dans lequel il rend hommage à travers 9 reprises revues et corrigées à la sauce Ficel, aux grands noms du style qui l’ont inspiré tout au long de sa longue carrière. Ça commence très fort avec “Play A Little While” de J.B. Lenoir, suivi de “I’m A King Bee”, l’hymne swamp de Slim Harpo, le king de Baton-Rouge (Louisiane). On peut citer également mon titre préféré de l’album “Louise, Louise” de Big Bill Broonzy, originaire de Lake Dick (Arkansans), dans une magnifique et convaincante interprétation à donner le frisson. “Rock Me Mama”, d’Arthur “Big Boy” Crudup, originaire du Mississippi et connu du grand public pour être l’auteur de plusieurs tubes d’Elvis Presley, sans oublier d’autres standards de Willie Dixon, J.J Cale, Little Walter ou Mississippi John Hurt. Je vous jure que je n’ai pas contracté la maladie d’Alzheimer, enfin pas encore, et au risque de me répéter une énième fois, Raoul Ficel est l’archétype d’un blues rural, celui des bayous, moite et poisseux, sincère et authentique, avec toujours cette poésie à fleur de peau qui le caractérise. Je ne sais pas comment l’expliquer exactement, mais il a quelque chose de chevaleresque, quelque chose de baudelairien chez lui! Enregistré en février et mars 2019 au studio La Cabane par Bruno Consolo, cet opus antinomique à la plupart des productions actuelles, formatées et indigestes, est à savourer religieusement, sur la route, ou sur les bords de la rivière, pour se la couler douce, avec sa chérie, sa belle, et laisser ainsi le bon temps rouler. Un véritable bonheur simple, un bain de jouvence dans lequel tous ces classiques ancestraux sont dépoussiérés et exorcisés avec passion par Raoul Ficel. Indispensable pour chasser ce putain d’cafard avec perte et fracas!
Serge SCIBOZ

Hey guys! - I just got home from Texas, and got the CD in the mail. Listening to it now. The first impression – it sounds really good. Everything sounds natural and the vocals are out front. And I’m digging the harp on “Pas tout juste”! I don’t know what the words mean, but the singing is really relaxed and great. It’s like all the instruments are really open and things sound clear and roomy and Big, without being “vintage”
“J’sais plus” is really heavy, relaxed but intense. I like that guitar tone a lot.
And the drums are nice and open @Bastien Cabezon how were the drums mic’d?
The timing of the lyrics in French is really impressive- particularly on”Me la couler douce”
“Sur la route” is really pretty
And of course I like “Stompin at my house!!”
GREG IZOR - www.gregizor.com
Sixième album en près d’un quart de siècle pour Philippe Coudougnan (alias Raoul Ficel), par ailleurs membre actuel des Vieux Briscards du Blues, auprès de ses comparses Cadijo et Hot Pepino. On le trouve ici entouré d’un trio qui comprend sa propre fille Zoé (à la guitare acoustique et aux chœurs), ainsi que Lonj à la basse et Bastien Cabezon à la batterie. Contrairement à ce que son titre indique, “Danser Le Rock & Roll” ne se limite pas au territoire de nos Dick, Eddie et Johnny nationaux, pour arpenter plutôt allègrement les sentiers zydeco. “Pas Tout Juste” et “Me La Couler Douce” lorgnent tellement vers Lazy Lester et Jimmy Reed que l’on croirait presque que Raoul Ficel se propose de reprendre la licence déposée jadis en la matière par le grand Benoît Blue Boy, tandis que “Ma Chérie, Ma Belle” emprunte ensuite le sillage de Bo Diddley. “J’sais Plus” en fait magistralement autant avec John Lee Hooker et Muddy Waters, et “Stompin’ At Greg’s” s’avère un jump instrumental offrant à ce bon Raoul l’occasion d’exprimer ce qu’il doit à Earl Hooker, T-Bone Walker et autres Jimmy Dawkins, tandis que “Regarde Mieux” s’inscrit dans la ligne des trépidants J.B. Hutto et Hound Dog Taylor. Summum de coolitude, la plage titulaire conclut en délicatesse cet album lumineux (le temps de se souvenir que Raoul Ficel n’est pas qu’un guitariste émérite, mais aussi un harmoniciste accompli). Comme chez ses aînés Patrick Verbeke et Benoît Billot, il ne nous a jamais traversé l’esprit à son écoute d’aborder la question du blues en français. Normal: avec Raoul, elle ne se pose même pas.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, April 17th 2020
https://www.paris-move.com/reviews/raoul-ficel-sur-la-route/

Ces trois lascars surnommés LES VIEUX BRISCARDS DU BLUES ne nous sont pas inconnus, jugez donc du pédigrée et des états de service… Ce Girondin qui se fait appeler Raoul Ficel, par exemple, mais que l’état civil connaît plutôt sous l’identité de Philippe Coudougnan. Baroudeur et enfumeur de première, il apparut sous divers emplois (guitariste ou comédien, mais toujours saltimbanque en somme) et lieux variés (depuis les Landes jusqu’au Bordelais et à la Corrèze, sans oublier un séjour en Suisse, base arrière d’où il accompagna lors de leurs pérégrinations européennes d’autres interlopes notoires, tels que Big Time Sarah, Louisiana Red ou Tommy McCracken). Sans doute dans le but (toujours suspect) de brouiller les pistes, il se produisit aussi sous divers pseudonymes farfelus (dont celui de Big Bone & Spaghetti Leg, duo où il eut pour comparse un joueur de contrebassine), avant de se commettre auprès de la chanteuse Flora Estel au sein du Little Big Band, formation swing d’un autre de ses partners in crime, le dénommé Hot Pepino. Pianiste émérite, autant à l’aise dans le blues que le jazz et le boogie woogie, ce dernier dissimule sous sa mise soignée et débonnaire un tempérament de spadassin. Quant à Cadijo (Jean-Pierre Carraro, harmoniciste et cadre sportif d’après sa fiche aux Renseignements Généraux), ce franc-tireur de la scène blues française a déjà livré pas moins de huit albums sous cette identité en une vingtaine d’années, tout en se prêtant à de fructueuses collaborations autour du monde. Il a ainsi accompagné le pianiste chicagoan Johnny “Big Moose” Walker lors de son séjour à Toronto, puis Keith B. Brown six ans durant au fil de ses tournées européennes. Ayant depuis réintégré ses pénates gasconnes, il ne dédaigne pas accommoder à sa sauce blues des classiques de la chanson française (de Nougaro à Brassens, et de Dutronc à Trénet et Gainsbourg). Bref, rien d’étonnant à retrouver ces trois-là réunis au sein des VIEUX BRISCARDS DU BLUES, puisqu’il paraît selon l’adage que qui se ressemble s’assemble… Hormis la plage titulaire (signée Flora Estel), le répertoire qu’ils interprètent ici se compose exclusivement de classiques du Chicago blues des années 50 et 60 (à l’exception d’une cover bienvenue de Nat King Cole). L’instrumental introductif, “Sunlight Boogie” offre à chaque protagoniste l’occasion de démontrer l’étendue de ses talents. Porté par le drumming alerte de Bastien Cabezon, le trio y témoigne un plaisir palpable et gourmand. Cadijo chante ensuite le “Blues Leave Me Alone” de Jimmy Rogers (une resucée de son propre “Blues All Day Long”). Tandis que Raoul épouse à s’y méprendre les parties de six cordes de l’original, Pepino en fait autant avec celles du regretté Otis Spann, et Cabezon synthétise avec brio les drives respectifs de Freddie Below et Elgin Evans. Mais ce sont les choruses d’harmonica de Cadijo qui impressionnent le plus. Ce dernier délivre en effet l’une des plus belles restitutions du jeu habité de Big Walter Horton, avant de réitérer la même performance avec celui de Rice Miller sur son “Keep It To Yourself”, et de Little Walter pour son fameux “Blues With A Feeling”. Nous avions déjà eu l’occasion de louer ses capacités d’instrumentiste, sans avoir pu hélas le réentendre en pareil contexte depuis trop longtemps. Cette formule de combo classique permet de redécouvrir quel remarquable styliste il demeure. Parfaite connaissance de l’idiome, impeccable phrasé, maîtrise du son et sens inné de l’intervention et du timing: ce Gascon aurait fait un malheur à Chicago au siècle dernier! Muddy Waters en personne aimait reprendre Big Bill Broonzy, auquel il avait même consacré un album entier en 1959. C’est en s’inspirant de sa propre version de ce titre que nos Briscards adaptent ensuite “Mopper’s Blues”, avant de se lancer avec la nonchalance qui sied dans une cover du célèbre “Honest I Do” de Jimmy Reed (avec un concis mais cinglant chorus des six cordes de Ficel). Le swing s’invite à table pour le “I Think You Got What I Mean” de Nat King Cole, et c’est évidemment Pepino qui s’y réserve la partie vocale (et s’y fend d’un solo digne d’Erroll Garner), tandis qu’un bassiste y renforce le quartet. Tant qu’à swinguer, le “Temperature” de Little Walter et le “Sloppy Drunk” de Jimmy Rogers se voient administrer le même traitement. Cabezon frotte ses balais, et ses comparses remuent leurs popotins en cadence. Hot Pepino et et Cadijo s’en donnent à cœur joie, tandis que Raoul assure la pompe, mais voici qu’il semble déjà temps de conclure. C’est sur le “That Ain’t It” de Walter Horton que nos amis chosissent de nous quitter, et on est bien d’accord avec ce titre: vous n’allez pas vous en tirer comme ça. Vieux, pas encore, mais Briscards assurément: voici en effet l’un des tout meilleurs CDs de Chicago blues produits dans l’Hexagone! Quand nous remettrez vous donc la même chose?
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, March 20th 2020
:::::::::::::::::::::
“Sunlight Boogie”: Album disponible sur demande en mp sur la page Facebook ci-dessous ou à l’adresse mail: vieuxbriscardsdublues@gmail.com
LES VIEUX BRISCARDS DU BLUES – Page Facebook ICI